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“ Je ne peins pas ce que je vois, je peins ce que je pense”
Pablo Picasso.
Le 25 janvier dernier, sous un beau soleil d’hiver, les troisièmes A, C et quelques élèves de la troisième E se sont rendus à Antibes afin de visiter les musées Pablo Picasso et Raymond Peynet.
Une telle aventure a nécessité un travail en amont afin que les élèves appréhendent du mieux possible les enjeux de cette visite. En classe, nous avons étudié une séquence sur l’engagement des artistes.
Intitulée “Comment certains artistes ont-ils dénoncé une époque?”, cette séquence s’est notamment appuyée sur les exemples de El tres de mayo de Francisco de Goya, mais aussi sur le célèbre Guernica de Pablo Picasso, peint en 1937 après le bombardement des forces allemandes sur la ville de Guernica dans le Pays basque espagnol. Pablo Picasso s’affiche alors comme un artiste engagé, prêt à peindre sa version de cet épisode marquant.
A l’époque, deux camps étaient opposés: les Franquistes, partisans du général Franco, futur dirigeant de l’Espagne de 1939 à 1975; et les Républicains favorables à la continuité de la seconde République. Avec ce tableau, Picasso exprime son effroi face aux actes commis par les partisans d’Hitler venus prêter main forte à Franco et s’inscrit comme un Républicain usant d’une arme redoutable: l’expression par l’art. D’ailleurs, ce n’est pas anodin que l’œuvre de Guernica ait été conservée aux Etats-Unis pendant toute la période franquiste.
Prendre ses pinceaux et s’exprimer, c’est bien ce que Picasso a aussi fait lors de son séjour à Antibes en 1946, période pendant laquelle il s’installe dans les murs de l’actuel musée pour y établir son atelier. Et quelle productivité en peu de temps! Nous avons compris, pendant la visite guidée, que Picasso avait autant besoin de peindre que de respirer! En ces temps de post-guerre, les matériaux faisaient cruellement défaut mais Picasso savait user de stratagèmes pour trouver de quoi exprimer son talent. Il se servait par exemple d’anciennes œuvres (de sa création ou de ses camarades), allait emprunter
de la peinture à bateaux aux pêcheurs du port antibois… Il était prêt à tout! Mais contrairement à la période qui entourait le contexte de Guernica, Picasso peint alors sa joie de vivre (dont il donne le nom à l’une de ses oeuvres réalisée sur place) et son bonheur d’être dans cette charmante ville d’Antibes, qui lui rappelle sa ville natale, Málaga en Espagne. Cette envie d’exprimer ce qu’il ressent au travers de sa passion est vraiment touchante car on sent que Picasso était sincère dans son art, qu’il dénonce ou qu’il exprime sa joie, il le fait entièrement.
Afin de compléter cette journée, les élèves ont également pu visiter le musée Peynet et du dessin humoristique. Outre le ton poétique de Raymond Peynet, créateur des célèbres Amoureux, nos jeunes ont pu focaliser leur attention sur les autres collections d’une trentaine de dessinateurs comme Dubout, Tim, Sempé, Mordillo… Certains de ces artistes ont d’ailleurs trouvé la mort lors des attentats de Charlie Hebdo et l’émotion n’en était que plus forte. Jusqu’où serions-nous prêts à aller par conviction, par engagement?
Le débat est passionnant et chacun peut trouver sa propre réponse.
Nous avons déjeuné sur la plage de la Gravette, non loin du musée, puis visité le port Vauban, premier port de plaisance d’Europe ainsi que la vieille ville fortifiée d’Antibes avec ses belles façades authentiques et bien conservées.
La sortie fut en partie placée sous le signe de la maladie CO-VID puisque plus de la moitié des participants initialement prévus n’ont pu nous accompagner pour cause de tests positifs ou de cas contact. Heureusement, les photos prises sur place nous auront permis, une fois rentrés, de partager les moments vécus.
En somme, une bien agréable journée riche en apprentissages hors les murs dont vous avez ici un aperçu en vidéo.
Un immense merci à l’équipe de direction et de l’intendance de permettre aux élèves du collège de vivre ces moments, et à mes élèves pour accueillir les projets avec enthousiasme.
Mme Malet pour l’équipe.